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Mémo – apporter de la véracité à son récit

Bonjour à toutes et tous,

En lien avec notre dernier atelier, celui de janvier concernant « L’art du mensonge », je vous propose aujourd’hui un article sous forme de MÉMO. J’y liste quelques idées et astuces qui vous permettront de rendre votre récit plus plausible. Car rappelez-vous, l’authenticité de votre histoire et la multiplication de faits vrais ne suffisent pas à rendre une histoire vraisemblable. Pour que le lecteur y croit, le socle de votre récit doit mêler éléments objectifs, vérifiables, et éléments subjectifs, qui font vrais.

Pour créer ces éléments subjectifs, n’hésitez pas à piocher dans cette liste afin d’assaisonner vos histoires d’un zeste de véracité.

Conseils pour rendre plausible un récit :

  • ne créez pas des personnages trop parfaits.
    Physiquement et moralement, affublez-les de quelques défauts. Si vos personnages sont trop lisses, trop parfaits, le lecteur ne peut s’attacher à eux. L’empathie entre le personnage et le lecteur se développe dans l’adversité. Ce sont les traits de caractère imparfaits qui rendront le personnage humain, et donc attachant. (Par contre, parmi les « défauts » possibles, oubliez celui de la maladresse, archi-rebattu dans les romans à l’eau de rose où l’héroïne est systématiquement un peu maladroite et donc, forcément, attendrissante) (non).
  • interrogez-vous sur l’arrière-plan de votre scène.
    Lorsque vous écrivez une scène, projetez-la comme s’il s’agissait d’un film. Ralentissez le rythme et laissez votre regard arpenter le décor. Que font les gens autour, l’air est-il doux et parfumé, ou frais et piquant, qu’entend-on en fond, le ronronnement des voitures ou les cris et rires des enfants ? Puis, une fois que vous vous êtes imprégné(e)s de l’atmosphère de la scène, sélectionnez un ou deux (voire trois) détails que vous glisserez dans votre récit. Pas plus, sinon le lecteur décroche et l’effet tombe à plat. Stephen King, dans son livre Écriture, mémoires d’un métier, donne de nombreux conseils très intéressants, dont celui-ci: « La description commence dans l’imagination de l’auteur, mais doit finir dans celle du lecteur de manière à ce qu’il frémisse de reconnaissance. » Stephen King continue avec un exemple : il veut décrire un de ses restaurants préférés à New York. Les quatre premiers éléments qui lui viennent à l’esprit sont :
  1. l’obscurité du bar et le contraste avec la clarté du grand miroir qui attrape et reflète la lumière de la rue,
  2. la sciure sur le sol,
  3. les caricatures funky sur les murs,
  4. les odeurs de steaks et de poissons grillés qui sortent de la cuisine.

Il se limite à ces quatre détails qui lui viennent spontanément à l’esprit lorsqu’il pense au restaurant. Il les introduit ensuite dans sa scène, créant ainsi un décor efficace ET rapide. Il ne tergiverse pas des heures sur la couleur des nappes et la déco bohème-chic du lieu, non ! Il jette quatre détails très précis, puis il laisse le lecteur dessiner le reste tout autour, en puisant dans son propre imaginaire. Surtout, il garde en tête que le lecteur est là pour savoir si le héros trouve ou pas l’homme qu’il cherche, pas pour avoir une visite guidée du lieu !

  • faites vivre à vos personnages une vie réelle.
    Vos personnages ont un quotidien trivial, comme tout le monde : ils mangent, ils dorment, ils prennent des douches et se brossent les dents, il leur faut un certain temps pour se rendre d’un endroit à un autre, ils ont des courses à faire et des tâches ménagères… Sans les convoquer tous, ne négligez pas ces détails, ils ont leur importance (sauf, éventuellement, dans le conte, qui tolère plus d’invraisemblances que les autres genres).
  • interrogez-vous vraiment sur les émotions que ressentent les personnages dans telle ou telle situation. Méfiez-vous de ce qui vous semble évident ou logique au premier abord, car c’est à travers le filtre de votre personnalité que vous l’analysez, OR votre personnage n’est pas vous, et si vous lui avez attribué un caractère différent du vôtre, ses réactions, son langage, seront aussi différents des vôtres.
  • rappelez-vous de saupoudrer votre récit de faits vrais, de détails uniques. Je me permets de reprendre l’exemple de Shervin et des deux textes qu’il nous a fait lire lors de l’atelier, l’un vrai, l’autre mensonger. Dans les deux récits, Shervin a évoqué l’enfance et des jeux auxquels il aurait joué avec des amis. Dans un texte, il dit : nous avons joué à cache-cache. Dans l’autre texte, il détaille les nombreux jeux et animations inventés par sa mère pour amuser ses copains. Là, les jeux cités sont plus atypiques, plus précis. C’est ce détail qui m’a mis la puce à l’oreille et permis de deviner que le récit avec le jeu de cache-cache était inventé, tandis que l’autre, foisonnant de petits détails improbables, était authentique. Fuyez devant ce qui paraît trop facile, trop accessible, creusez en vous pour dénicher l’originalité de vos propres images littéraires.

Voici ma liste, non exhaustive car tant d’autres éléments vont entrer en compte lorsqu’on écrit… Si je ne devais garder qu’un conseil, c’est celui-ci : prenez garde aux stéréotypes, aux tournures de phrases toutes faites comme prêtes à l’emploi, aux personnages caricaturaux et manichéens. Ne vous abandonnez pas à la facilité, recherchez la subtilité. Creusez, creusez en vous, vous excaverez des merveilles.

PS : Shervin, merci pour tes deux textes.

La publication a un commentaire

  1. Shervin

    Merci, Sophie ! Je suis touché que tu aies parlé de mes deux textes ! 🙂 Et, promis, je ferai plus attention la prochaine fois et serai plus original.

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