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Compte-rendu atelier #5 – inventer des personnages

Bonjour,

Samedi 6 février s’est tenue notre cinquième rencontre (en visioconférence toujours…).

Le thème de cet atelier était : comment créer un bon personnage.

Lorsqu’on écrit une histoire, on donne vie à des personnages.

Le personnage est l’élément qui soutient le récit. Si vous parvenez à créer un personnage attachant, intéressant, alors il y a des chances pour que votre lecteur ait envie de le suivre et de savoir ce qui lui arrive.

Pour Nicolas Mathieu, l’auteur de Nos enfants après eux et lauréat du prix Goncourt en 2019, c’est le personnage qui porte l’histoire, et pour cela l’auteur doit lui fixer un objectif bien déterminé, et une série d’obstacles qui l’empêchent de l’atteindre.

Voici une liste d’éléments qui vous aideront peut-être à créer un personnage efficace (humain, attachant, intéressant) :
  1. Votre personnage doit être déterminé par un objectif à accomplir, que vous, auteur, aurez défini. Par exemple, prenons le personnage de Mowgli, dans Le livre de la Jungle de Rudyard Kipling. Son objectif (inconscient) est d’apprendre à survivre dans la jungle, puis de choisir entre la vie sauvage ou le retour à ses racines et la société des hommes.
  2. Ne décrivez pas trop le physique de votre personnage. Contentez-vous de signaler un ou deux détails importants, marquants, puis laissez votre lecteur imaginer le reste. Ex : Hermione, dans Harry Potter, est caractérisée par ses cheveux broussailleux et ses taches de rousseur. On ne sait pas si elle est grande, menue, baraquée, si elle a la peau blanche ou noire. C’est à nous, lecteurs, de créer le reste.
    Ex : Liv-Maria, dans Liv-Maria de Julia Kerninon, est un personnage fascinant, dont on ne sait pas grand chose physiquement, si ce n’est qu’elle a « les poignets ceints d’anneaux d’or ».
  3. Votre personnage ne doit pas être parfait ! Si tout lui réussit, s’il est beau, intelligent, populaire, quel intérêt? Ça donne finalement quelque chose d’assez fade, qu’on appelle, en écriture, une Mary Sue. Quel lecteur a envie de lire les aventures d’une personne parfaite ? Il est primordial d’attribuer des défauts, de vrais défauts, à votre personnage, pour le rendre réel, humain.
    Ex : Sherlock Holmes est brillant, a un esprit de déduction remarquable, supérieur aux autres, mais il est incapable d’avoir des relations humaines acceptables, ce qui le rend intéressant.
    Ex : Ron, dans Harry Potter, est jaloux, envieux, gourmand, parfois égoïste, mais cela est compensé par sa loyauté et sa candeur, ainsi que sa gentillesse.
    Aussi, faites attention à la cohérence de vos qualités et défauts : si votre personnage est colérique, le lecteur aura du mal à admettre qu’il soit aussi calme et maître de soi ^-^
    Un autre ex : dans le Seigneur des Anneaux, c’est Frodon, un hobbit, qui est le héros porteur de l’anneau. Pourtant, de tous les personnages qu’on rencontre dans cette fresque, il est le plus timide, introverti. Il est innocent et candide, pas très courageux, il n’a pas l’âme d’un aventurier, au contraire, il a un profil plutôt rat de bibliothèque. Il est naïf, et un peu faible. C’est là tout l’intérêt de le voir, lui et pas un autre, choisi pour détruire l’anneau, pour être le héros.
    L’exemple ultime, pour moi, se trouve dans l’un de mes romans préférés : Les hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Les deux personnages principaux, Catherine et Heathcliff, sont odieux et font beaucoup de mal autour d’eux, mais on ne peut s’empêcher de souffrir pour eux. D’éprouver une forme de compassion, et surtout beaucoup d’intérêt.
  4. Faites faire des erreurs à votre personnage. Mettez-lui la honte ! On a souvent tendance à être trop gentil envers son personnage, et à ne pas le traiter avec assez de sévérité. C’est normal, mais ça nuit à votre récit. Ce n’est pas parce que vous lui donnerez tous les défauts du monde que le lecteur ne va pas l’aimer, au contraire.
    Ex : Jean Valjean, dans Les Misérables. Il vole, va en prison, récidive, commet des méfaits et se trompe avant d’essayer de se racheter. C’est d’autant plus honorable à nos yeux, car on l’a vu échouer puis tenter de s’en sortir, et accepter l’aide des autres personnages.
    Ex : Sophie, dans
    Les Malheurs de Sophie.
  5. Vous pouvez aussi créer de l’empathie pour votre personnage, en lui inventant un passé, une histoire compliquée. C’est exactement ce qu’on retrouve dans les contes et dans les dessins animés de Disney : héros orphelins, malmenés par des familles d’accueil détestables, trahis par leurs proches, abandonnés… Pensez au Roi Lion, avec le personne de Simba dont le père est tué par son propre frère ; pensez à Nemo, dessin animé où, dès les premières minutes, la mère et les centaines de frères et sœurs de Nemo sont décimés par un barracuda, laissant le héros seul, estropié d’une nageoire, avec son père complètement effondré. En littérature, ces personnages malmenés par le destin sont légions :
    Ex : Jane Eyre, orpheline, élevée par une tante qui la déteste et ses cousins qui la maltraitent. Puis, elle est envoyée dans un pensionnat d’orphelines, à la discipline très stricte (Jane Eyre, Charlotte Brontë).
    Ex : Pip, le héros des Grandes espérances de Dickens, est orphelin, élevé par une sœur maltraitante et assez pauvre.
    Bon, ne tombez pas non plus dans le drame de l’orphelin, qui est assez rebattu il faut le dire. Il est aussi possible de créer de la compassion pour votre personnage d’une manière plus subtile, tout simplement en le mettant dans une situation un peu compliquée dès le départ.

DURANT LE DÉVELOPPEMENT DE L’INTRIGUE :

  1. Confrontez votre personnage à des obstacles, qui testeront ses qualités et sa détermination à réaliser l’objectif que vous lui avez fixé. Si le personnage lutte ou connait des obstacles dans ses démarches, on s’attachera à son combat, quelle que soit la nature, bonne ou mauvaise, de ce combat.
    Ex : le personnage de Mowgli, dans Le livre de la Jungle de Rudyard Kipling. Son objectif (inconscient) est d’apprendre à survivre dans la jungle, puis de choisir entre la vie sauvage ou le retour à ses racines et la société des hommes. Les différents obstacles qu’il rencontre sont : sa volonté de rester vivre dans la jungle (obstacle intrinsèque), la chasse que lui livre Shere khan le tigre qui déteste les humains, l’enlèvement par les Bandar-log, le peuple des singes sans foi ni loi.
  2. Créez lui aussi des problèmes normaux pour que le lecteur puisse s’identifier à lui. Ex : Harry Potter a beau être un sorcier porteur d’une prophétie, désigné pour sauver le monde d’un horrible mage noir très puissant, il n’en reste pas moins un adolescent avec ses peines de cœur, ses problèmes de discipline à l’école, ses rapports conflictuels avec ses camarades ou ses professeurs, ses doutes et son manque de confiance en lui… Cela le rend humain et attachant, et qui fait qu’on s’intéresse à ses grands exploits.
  3. Faites évoluer votre personnage. Il ne doit pas être le même à la fin du récit, il aura appris certaines leçons et saura les utiliser. Le cheminement de votre personnage, d’un point A initial à un point B final, est l’essence même de votre récit.

En résumé : n’oubliez jamais que ce qui compte, c’est le conflit. Le conflit intérieur, le conflit avec les autres, les obstacles à surmonter. Votre personnage peut-être la pire des ordures, mais s’il lutte à chaque page, on s’attachera quand même à lui, plus qu’à un personnage gentiment sympathique que la vie épargne, et qui apparaîtra peut-être sans saveur aux yeux d’un lecteur. Pensez aussi à bien doser les qualités et les défauts de votre personnage, et surtout, à le faire évoluer tout au long du récit !

Cet atelier est la première partie d’un diptyque concernant la création de personnages littéraires, dont nous poursuivrons l’étude lors du prochain atelier, le 13 mars. D’ici là, portez-vous bien, faites chauffer vos stylos et traitement de textes, et n’hésitez pas à retrouver le groupe de plumes sur le forum !

Cet article a 3 commentaires

  1. Shervin

    Bonjour Sophie,
    Merci pour ce compte-rendu ! Qu’est-ce que j’ai aimé cet atelier !! Je me suis vraiment amusé en écrivant le monologue. Au fait, il me semble qu’il s’agissait de l’atelier n° 5 et non 6.

    1. cabane_admin

      Bonjour Shervin,
      Merci je suis ravie que cet atelier t’ait plu ! On l’a ressenti en écoutant ton texte, on s’est régalé nous aussi.
      Oui, tu as tout à fait raison, c’était l’atelier numéro 5 et non le 6, je pense que je me suis emmêlée les pinceaux avec la date (6 février) … Je suis un peu fatiguée, je crois ^-^
      Merci de l’avoir signalé, j’ai corrigé !

  2. Shervin

    Bonsoir Sophie,
    Encore merci ! 🙂 Ca me fait vraiment plaisir et m’encourage à continuer d’écrire.
    Ne t’inquiète pas. Je pense qu’on est tous fatigués…

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