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Les coups de cœur de Sophie, à la bibliothèque

Bonjour à toutes et tous,

Les derniers mois, j’ai eu un super bon modjo lecture ! Quel que soit le titre que j’empruntais à la bibliothèque, je n’étais pas déçue (ça a fini par s’arrêter début février. Un livre qui me fait peiner, 400 pages dont je ne parviens pas à voir le bout… Toutes les bonnes choses, même les modjos lecture, ont une fin !).

J’aimerais partager avec vous trois titres qui m’ont particulièrement plu et que vous pourrez trouver, soit dans les rayons de notre bibli de Saint-Didier, soit sur le réseau des bibliothèques, en les réservant très facilement sur ce site (médiathèque de Trévoux). Le livre sera réservé et directement amené à la bibliothèque de Saint-Didier, où vous n’aurez plus qu’à passer le chercher !

Liv Maria, de Julia Kerninon

Celui-là, je ne sais pas pourquoi, je savais que j’allais l’aimer avant même d’en avoir lu une page.
J’ai découvert Julia Kerninon lors de l’émission La grande librairie, début septembre (que j’ai suivie en podcast), je l’ai écoutée parler de sa voix douce et de sa langue si délicate et châtiée. Puis, j’ai appris qu’elle avait un an de moins que moi, et que ses précédents romans étaient des succès (critiques, prix littéraires…). Je l’ai enviée aussitôt, mais une envie motivante, pas quelque chose de mauvais qui ronge, non. Je l’ai admirée et enviée et je l’ai lue et j’ai été stupéfaite par la grâce de son style, la facilité de sa plume, l’envie de replonger que chaque page tournée inspire au lecteur. Liv Maria ne pouvait que me plaire, vu son sujet, vu son personnage de femme déroutant, atypique. Je m’y attendais. Ce à quoi je n’étais pas préparée, c’était à corner presque chaque page de ce roman, tant les phrases et les images et les idées résonnaient en moi. Ce livre, j’aurais voulu l’écrire, encore aurait-il fallu que j’aie le talent de Julia Kerninon. On est toujours soufflé lorsqu’on croise un objet qui véhicule tout ce qu’on est, tout ce qu’on pense sans le savoir; pour moi c’est ce qui s’est passé avec Liv Maria. Un vrai coup de foudre, lu en 2 jours. Refermé à regret.
Heureusement, l’autrice n’en était pas à son coup d’essai, d’autres romans d’elle étaient déjà parus. Je n’ai pas fini d’être émerveillée.

***

Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu

On en a fait grand bruit, de ce roman sociologique de Nicolas Mathieu, qui déroule son récit dans la vallée de la Fensch en Moselle, à Hayange (rebaptisée Heillange pour l’occasion). C’est vrai qu’il est bon : un style sans faux semblants avec quelques fulgurances métaphoriques vraiment bien trouvées, qui servent une analyse de la misère sociale fine et absolument véridique. Le tableau n’est pas glorieux, ça ne fait pas rêver, c’est glauque et moyen et c’est la vérité. En lisant ce livre, j’ai replongé dans mon adolescence passée pas loin d’Hayange, j’ai entendu à nouveau cet accent à couper au couteau, j’ai vu ces mimiques et ces roulages de mécaniques arborées par des petits caïds à la moustache naissante, j’ai revécu la coupe du monde 98 et ces hymnes repris en chœur par toute une nation, et Johnny, et le Picon, et Metalor/Arcelor et la ruine de l’emploi… Tout cela compose le paysage de ma jeunesse, que, comme le personnage de Steph, j’ai voulu quitter pour de bon, sans regret.
J’ai aimé cette lecture, lorsque j’étais dedans je n’avais pas envie de lâcher le bouquin, mais lorsque je ne l’avais pas ouvert depuis la veille je n’étais pas forcément pressée d’y revenir, ce qui est ma définition personnelle du page-turner. C’est une bonne lecture, marquante sans doute, intelligente sûrement et nécessaire peut-être.
C’est Leurs enfants après eux. L’avez-vous lu ?

Fille, de Camille Laurens.

Ce roman est sorti l’année dernière chez Gallimard. C’est un récit fictionnel qui ressemble à un témoignage autobiographique ; Laurence, la narratrice, nous raconte des vies de femmes de sa famille, et surtout sa vie en tant que fille, puis femme, puis mère. L’origine du récit se trouve dans le regret du père de n’avoir pas eu de fils, seulement deux filles. Cette paternité manquée pèse lourd sur Laurence, que l’on suit gamine dans les pièces des maisons familiales et sur les bancs de l’école. Partout elle découvre des signes de ce monde de garçons si diffèrent de sa condition de fille : les écoles ne sont alors pas encore mixtes, on ne se mélange pas. Les garçons ont le droit de faire plein de choses qui sont interdites aux filles. Le grand-oncle peut tranquillement tripoter la petite Laurence devant les regards d’autres membres de la famille, on passe l’éponge, on se tait. Puis, Laurence grandit, adolescente, jeune adulte, elle continue d’analyser sa condition de femme dans un monde d’hommes : les relations aux garçons, le sexe, l’avortement, le mariage comme il faut, puis la maternité, à son tour. Les pages narrant l’accouchement m’ont bouleversée. J’en ai encore des frissons (mais je ne vous en dis pas plus!). Tout au long du roman, la narratrice s’interroge sur les différences de traitement entre homme et femme, mineurs, minimes, minuscules, mais qui jalonnent nos existences et qu’on intègre sans s’en rendre compte. Jusqu’à sa fille, Alice, qui n’accepte pas l’état de faits, et permettra à Laurence de régler des comptes. De rendre, des années plus tard, les coups. L’écriture de Fille est précise et fluide, bien rythmée, c’est un livre qui se lit très agréablement et qui reste longtemps à l’esprit.

***

Voici les trois romans qui m’ont marquée dernièrement. Et puis, il y a l’inénarrable, l’exceptionnel Né d’aucune femme, de Franck Bouysse. Tellement bouleversant que je ne saurais même pas vous en parler assez bien. Je peux uniquement vous dire une chose : ce livre a été ma grande claque littéraire de 2020.

Alors, ces lectures vous tentent ? Vous connaissiez déjà ? (Je sais que certain(e)s d’entre vous ont déjà lu Liv Maria, nous en avons parlé sur le forum il y a peu… ^-^)

Cet article a 5 commentaires

  1. Brigitte

    Bonjour Sophie et bonjour à toutes les Plumes,

    Que dire de plus Sophie???
    Les deux dernières fiches de lecture que j’ai adressé à Rose-Marie pour le comité de lecture sont …… :
    Fille de Camille Laurens ( avec quelques petites réserves par rapport à ton enthousiasme) et…..
    NE D’AUCUNE FEMME qui me fut non pas un coup de cœur mais un COUP DE FOUDRE (mis dans mes mains par Rose-Marie) un jour à la Folle Aventure : plus que l’histoire, quelle écriture!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    J’espère que l’auteur n’en ait plus à postuler à des concours de nouvelles, car alors, nous n’avons AUCUNE CHANCE …

    1. Sophie

      Ah ah Brigitte, nous avons donc des goûts similaires (et bons, surtout !).
      Né d’aucune femme est si bien écrit que, je dois l’avouer, ça m’a presque paralysée dans ma démarche d’écriture. Je me suis dit que Franck Bouysse était un véritable écrivain, et qu’écrire à ce niveau de haute voltige était inaccessible…

      Écoute, je ne crois pas que monsieur Bouysse se soit inscrit pour l’Éveil Plumes ouf ! Je sais juste que nous sommes 50 nouvellistes à avoir envoyé nos textes, et que le jury se compose de 30 lecteurs (ce qui est énorme!)
      J’ai hâte de découvrir les nouvelles des participants !

  2. Shervin Gharabaghi

    Bonjour Sophie et bonjour aux Plumes,
    Sophie, je n’ai lu aucun des livres dont tu as parlé. En revanche, c’est marrant que tu sois de Moselle. J’ai moi-même de lointaines origines du pays de Bitche, en Moselle, pas très loin du pays thionvillois, d’où tu sembles être originaire. D’ailleurs, au vu de ton nom de famille aux consonnances germaniques, j’avais toujours eu envie de te poser la question. Mon arrière-arrière-arrière-grand-père a quitté son village natal de Kalhausen pour se réfugier à Paris après la Guerre de 1870.
    Brigitte, oui, espérons que ce genre d’auteurs ne se soient pas présentés au concours de nouvelles ! 😉
    Autrement, je voulais vous dire que je viens de terminer la lecture d’un livre qui me hante un peu. Il s’agit d’ « En attendant Bojangles ». C’est un magnifique roman qui vous étourdit par les innombrables folies qu’il renferme. Un roman surprenant et envoûtant, qu’il convient de lire en écoutant « Mr. Bojangles » de Nina Simone. Ce livre a été une fête, un tourbillon pour moi, même s’il comporte des passages très tristes aussi. Ses personnages, si atypiques et touchants, resteront pour toujours dans mon cœur. Y en a-t-il ici qui l’aient lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

    1. Sophie

      Bonjour Shervin,
      incroyable que tu aies des origines mosellanes toi aussi ! Le monde est petit (non, en réalité, c’est juste que les mosellans sont partout 😉 ah ah )
      Je n’ai pas lu En attendant Bojangles mais j’en ai beaucoup entendu parler et j’adore la chanson de Nina Simone. Ton avis me donne envie d’en savoir plus !

      1. Shervin Gharabaghi

        Bonjour Sophie,
        Oui, les Mosellans sont absolument partout. 😉 Cet aïeul mosellan a d’ailleurs épousé une Flamande de Belgique et il est même parti travailler quelques années à New York avec sa famille. Leur petite-fille, mon arrière-grand-mère, s’est mariée avec un étudiant persan venu faire ses études à Paris et ils sont partis s’installer en Perse.
        Oui, je t’encourage vraiment à lire ce livre. En plus, il est très court et se lit très facilement. Un film est actuellement en tournage et une BD/roman graphique a été publiée. Ca a eu un succès phénoménal.

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