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Les textes de Brigitte C.

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Une lettre d’amour à mon petit déjeuner

Cinq heures du matin, Paris s’éveille. Tu m’attends, je vais te rejoindre. Depuis hier soir ta plus belle faïence est posée sur un plateau. Pas n’importe lequel : celui en bambou que j’ai ramené de Bali dans ma valise, avec mes petites culottes dedans. Mon premier café, notre premier baiser ! Tu chatouille mon nez de ton arôme, je caresse d’un doigt tes lèvres, fines et légères comme le plumage de l’oiseau sur la porcelaine anglaise. L’âpre chaleur coule dans ma gorge, enflamme ma poitrine : tu sais si bien ce qui me fais du bien. Ce temps de l’heure bleue n’est que pour nous deux. Un peu de lecture, quelques lignes d’écriture. Puis vient ton petit frère avec un nuage de lait. Lui c’et le KifCafé, celui que je partage avec les passants derrière la fenêtre. Ces instants sont comme ceux de l’amour. La faim viendra après.

 

Lettre de rupture

Un jour, tu m’as demandé dans quelle ville d’Italie je n’irai jamais. Aussitôt je t’ai répondu : Capri. Car « Capri, c’est fini ! ». Voilà, le message est solennel : je roule vers Capri et tu comprendras que cette route est la fin de notre amour. A Florence, sous le Ponte Vecchio, j’ai compris que tu es aussi froid que le marbre des palais. Ta beauté : une peinture académique bien codée. A Rome, j’ai traversé les ruines. Ici comme ton humeur les murs se lézardent. J’ai visité les Catacombes et j’ai plongé au cœur de ta dépression. Venise, j’ai préféré éviter. Dans tes larmes, je me serai noyée. Je sillonne les ruelles de Naples. Des virées sur ton scooter, quelques frissons reviennent mais non tu n’as pas l’étoffe d’un héros : bad boy de pacotille. Je vais ramasser à Pompéi les cendres de notre passion.

Et dire que la « Dolce Vita » est le pays de l’amour !

J’arrive à Capri et tout est fini.

 

Couple mal assorti contraint de passer un temps confiné ensemble

  • Madame ?
  • Quoi ?
  • Oui, vous, vous pouvez me donnez un coup de main ?

Jeanne hésite. L’homme d’âge mûr a l’air charmant.

« Range donc ta méfiance, ma fille » se dit -elle. Elle avance, un plus près, : il est un brin séduisant.

  • Que dois-je faire exactement ?

Et là, sans voir venir la chose, il lui glisse un Colt entre les mains, la pousse dans le sas, tire trois coups en l’air dans le hall de la banque.

  • Toi, Bonnie, tu prends les sacs, moi je les remplis.

Un coup d’œil général, qui finit par un regard attardé sur sa petite personne. La chose est vite faite : personne n’a bougé. Au moment de partir, dix-huit coups ont sonné. Le portique est fermé : le couperet du couvre-feu est tombé.  Le système gouverné par les autorités ne délivrera ses hôtes qu’à l’aurore arrivée. Très vite il s’organise : les otages, d’un côté :  tous dans la salle des coffres bien fermée à clés. Ma poulette, à nous deux le loft du premier : vue imprenable sur l’arche, celle de la Défense. Pour Jeanne le désastre est total, l’arche est de Noé.

Tiens tu connais mon p’tit nom dit l’homme, qui sans vergogne troque le costard pour un vieux survêtement.

  • Ce n’est pas vrai, se dit Jeanne, il s’installe pour la nuit !
  • Viens plus près, ma Cocotte, que j’te montre les étoiles. T’as bien mérité. Si tu veux, j’te réserve pour mon prochain casse.

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